VOILE: SEULE FEMME AU DéPART DE THE TRANSAT CIC, AMéLIE GRASSI SE RACONTE

En Class40, Amélie Grassi (La Boulangère Bio) est la seule femme au départ de The Transat CIC qui s’élance ce dimanche depuis Lorient à 13h30. Direction New-York pour la Lorientaise de 29 ans et les autres concurrents à travers un Atlantique Nord jamais clément. Elle revient à la solitaire après l’équipage en compagnie d’Anne-Claire Le Berrer. Une skipper bien dans ses bottes et son ciré.

Une transat jamais commode

"C’est une course qui est connue pour être la plus dure des transatlantiques en solitaire pour la simple et bonne raison que d’est en ouest sur la partie nord de l’Atlantique on fait face aux dépressions. On va dans le sens inverse des dépressions. Tous les jours on peut rencontrer une nouvelle tempête. C’est par définition une course super difficile avec beaucoup de mer et de vent, assez éprouvante pour les marins et les bateaux. Il faudra avoir le mental bien accroché du début à la fin. Des bateaux ont remporté cette course malgré des casses énormes. La course est dure pour tout le monde, les bateaux n’arrivent pas forcément en bon état."

Un bateau mûr…

"Quand on a désigné le bateau avec la Boulangère Bio en 2020-2021, on l’a pensé pour faire de la solitaire. Le premier objectif était la Route du Rhum 2022 sur laquelle j’ai démâté 3 jours après le départ car il y avait un défaut sur une pièce dans le mât du bateau. Il y avait un goût de trop peu. Avec le partenaire on avait l’envie de boucler une transat en solo. On avait envie de se reconfronter à l’exercice de la transat en solitaire. Ca génère en moi beaucoup d’envie avec le départ qui approche. Je sens l’envie qui gonfle, qui gonfle. Le bateau a 2-3 ans, sur tous les différents éléments on a pu optimiser. C’est ce qui augmente ma sérénité. Je connais le bateau par cœur. Chacun de ses mouvements je les ressens, chaque bruit je les comprends. Cette harmonie entre le skipper et son bateau est essentielle."

…Comme la skipper

"On sent qu’on gagne en maturité. Quand on navigue avec les marins jeunes on sent qu’ils ont tout le temps envie de manœuvrer, qu’il se passe toujours quelque chose. Lorsqu’on est avec les anciens on voit qu’ils prennent davantage le temps de la réflexion, qu’ils sont plus apaisés. Je sens que je me calme un petit peu (rires). C’est aussi comme ça que je suis plus tranquille. Ca permet de mobiliser l’énergie au bon endroit. Il y a toujours une bonne part d’humilité avant de prendre la mer. On n’a pas la main sur tout. C’est un sport mécanique et il y a l’aléa météo. Je suis détendue, tranquille et sereine. Être anxieuse ne rendra pas la chose plus facile. J’essaye d’y aller avec une certaine souplesse, un esprit et un corps flexible. Je suis prête à gérer tout ce qui peut se présenter devant moi pendant la course."

Davantage de préparation physique en solitaire

"Sur une course aussi dure physiquement je suis beaucoup plus exigeante sur la préparation, sur la nutrition, la gestion du poids, de la masse musculaire. J’ai essayé de prendre beaucoup de force, de bosser l’endurance, d’avoir un bon équilibre de poids et alimentaire. J’ai bien poussé la prépa mentale car ça sera dur de trouver des instants de plaisir, des moments agréables. Le plaisir va être dans l’accomplissement sportif, dans la gestion de la difficulté. Tout peut arriver sur votre bateau ou celui des autres. C’est important d’être mobilisé dans la difficulté. Oui c’est une préparation particulière, à la dure."

Ses modèles, sa maman, Yves Le Blévec, Loïck Peyron

"On est une bonne famille de marins. Ma maman a participé à la Mini Transat en 2009. C’est un des profils qui m’a le plus inspiré à m’engager en course au large. Aujourd’hui elle est encore super présente. Le jour du départ de The Transat, elle sera dans un semi-rigide. Yves Le Blévec (son beau-père) sera à bord du semi-rigide aussi. C’est un grand soutien. C’est un marin très abouti. Il va m’accompagner sur la météo, sur le choix des voiles. Je peux échanger sur la performance, sur l’aspect de la maturité, de voir la course sur le long terme. C’est hyper intéressant. J’ai de la chance de l’avoir dans la boucle. Avec Loïck Peyron on est en toujours en contact. Il est un peu moins proche de ma prépa car il est hyper sollicité. Il a souvent le petit mot d’encouragement qui faut. Je ne doute pas que j’échangerai avec lui avant le départ. Il a un peu tout vu. Quand il envoie un message avec les 2-3 conseils de dernière minute on ne se prive pas et on en profite."

La féminisation de la voile

"Ce n’est pas facile. La course au large est un milieu très masculin. Quand j’étais petite il y avait Florence Arthaud et Ellen McArthur. En ce moment on est dans une bonne dynamique, les lignes bougent il y a de plus en plus de femmes on le voit notamment sur la Mini Transat. Mais c’est sûr qu’on n’est pas encore très représentées. De voir de plus en plus de femmes sur les départs ça va aussi donner envie et aider les plus jeunes à se projeter. Il y a une bonne dynamique mais il reste pas mal de boulot. C’est pour ça qu’avec la Boulangère Bio on s’est appliqué à faire 100% d’équipage féminin sur toutes les courses, ça créé des opportunités. Avec des projets comme ça, ça commence à se féminiser."

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